samedi 20 juin 2009

Premiers pas en Asie. Enfin le texte!

Dimanche 31 mai,

17 h, au soleil, depuis une terrasse à Batumi, Géorgie, nous reprenons la plume pour narrer nos aventures. Nous avons traversé la frontière Turquie-Géorgie, 3 jours auparavant. Nous n avons fait que 5 km avant de nous arrêter à Kvariati, petit village sur la côte de la Mer Noire. Premiers pas dans la culture géorgienne. Nous demandons une chambre peu onéreuse à des passants. Par chance ceux-ci possèdent une petite pension. Nous décrochons les sacoches de nos vélos, nous installons puis notre hôte nous convie à boire un verre de vin à notre santé. Nous nous joignons à sa table puis la cérémonie du « Gavomarjos » commence. Tour à tour, chacun porte un toast à la Géorgie, à la France, à nous, à eux, à l’amour… Les verres se vident et se remplissent aussi vite que les assiettes. Nous finissons auprès du feu, dans la cour, saouls, repus, à chanter et à trinquer encore. Il ne nous aura fallu qu’un jour pour découvrir l’âme de la Georgie. Le lendemain, la tête est lourde et douloureuse au réveil. Changement radical après deux mois passés à sillonner la Turquie.

1 mois à Istanbul. Ville fascinante par son éclectisme, à cheval entre l’Europe et l’Asie, l’Occident et l’Orient. Situé sur la Corne d’Or, Sultanahmet, le centre historique, nous plonge dans les contes des milles et une nuits : ses mosquées gigantesques, ses palais, image d’un autre temps. Fatih, vieux quartier populaire, accolé à Sultanahmet, illustre un pays pieux, enclin à une tradition musulmane. Beyoglu contraste avec la Corne d’Or : synonyme d’une Turquie occidentale, d’une jeunesse festive et « branchée ». Istikal Caddesi, longue artère piétonne, serait arpentée quotidiennement par plus de 3 millions de stambouliotes léchant les vitrines des grands magasins. Les petites veines adjacentes regorgent de cafés, restaurants et de clubs faisant la réputation d’Istanbul : la fête ne s’y arrête qu’au petit matin.

Nous quittons Istanbul deux semaines pour découvrir les paysages fantastiques de la Cappadoce à 800 km au sud-est. Cette région célèbre pour ses vallées oniriques résulte d’une succession d’éruptions volcaniques. 3 volcans en activité il y a 30 millions d’années ont couvert la région de basaltes et de cendres puis le vent et l’eau l’ont sculptée en différentes vallées rose, rouge et blanche. Pour accentuer la magie du lieu, sept mille ans d’occupation humaine ont criblé ces vallées d’habitations troglodytes ainsi que d’églises byzantines illustrant un fort passé monastique. Nous en profitons pour nous reposer et nous balader dans cet environnement offrant de superbes randonnées.

Nous retournons à Istanbul par la suite pour mettre en place notre aventure en cyclotourisme : trouver les vélos et l’équipement nécessaire. Nous continuons d’explorer cette ville insaisissable. Le départ en vélo se fait le 8 mai au matin par une remontée du Bosphore et la découverte de la Mer Noire qui nous accompagnera pendant 3 semaines. On nous avait prévenu que la route de côte grimpait. Malgré tout nous ne nous attendions pas à un tel dénivelé! Nous traversons des forêts majestueuses de chênes, de pins, de noisetiers à flan de montagne. Dès le premier soir, nous nous perdons. Notre carte de la Turquie présente certaines lacunes comme nous le comprendrons par la suite. Dans un petit village, Mehmet nous ouvre sa maison et nous offre l’hospitalité pour la nuit. Nous rencontrerons cette gentillesse pendant toute notre traversée de la Turquie à vélo en dehors des chemins touristiques et découvrirons la réelle richesse de ce pays : ses habitants.

La volonté d’intégrer l’Europe est présente chez la majorité de ses habitants. Selon plusieurs personnes que nous avons rencontrées, le gouvernement opère des changements dans sa politique afin de se rapprocher de ses voisins européens. Cependant les avancées sociales promulguées par Mustapha Kemal Ataturk dès les années 20, tel le droit de vote des femmes en 1930, ne sont désormais visibles que dans les grandes villes. Depuis les années 80, on constate un renforcement de la pensée traditionaliste dans les campagnes. Les différentes victoires aux élections du parti islamiste modéré illustre ce conservatisme. Malgré une laïcité établie, la religion dispose d’un grand pouvoir social et politique.

La Turquie possède par ailleurs un pouvoir militaire fort. La présence militaire massive sur tout le territoire (gendarmes, casernes, zones militaires gardées) ne laisse pas indifférente. Les medias semblent participer a cette propagande militaire en particulier contre le PKK (Parti Travailliste du Kurdistan, pour un état kurde indépendant, dirigé par Abdullah Öcallan depuis sa création en 1978) en diffusant aux heures de grandes écoutes, comme aux informations nationales par exemple, des sujets –fictionnels?- sur les menaces terroristes au sud-est de l’Anatolie. Cette omniprésence militaire et ce matraquage télévisuel ne provoque-t-il pas le radicalisme qu’il prétend combattre?

En raison du prix prohibitif exigé pour l’obtention du visa azéri, nos bicyclettes ne nous mèneront pas en Azerbaïdjan pour rejoindre l’Asie Centrale. Nous opterons pour une autre route : l’Arménie puis l’Iran avant de rejoindre la mer d’Aral en Ouzbékistan début août. Comme dirait notre ami philosophe Josselin : «les imponderables et les hasards font la magie du voyage».

Sur Ataturk :

Mustafa Kemal, jeune colonel lors de la première guerre mondiale, se distingue par quelques faits d’armes importants. Après la division de l’Empire Ottoman en 1920 par le Traité de Sèvres, il crée une armée nationaliste pour lutter contre le démembrement du territoire turc. S’en suit la guerre d’indépendance de 1920 à 1923. Le 29 octobre 1923, la grande assemblée nationale proclame La République de Turquie nommant Mustafa Kemal 1er président. Il est désormais symbole de la création de la République de Turquie. Aujourd’hui, plusieurs jours fériés célèbrent Mustafa Kemal Ataturk. Il est d’ailleurs interdit de parler de lui sous un mauvais jour. Par exemple, le gouvernement censure le site internet de partage de vidéos youtube.com, non consultable depuis la Turquie, car plusieurs vidéos critique du « Père des Turcs » y circulent.

Sur la minorite kurde :

Les kurdes sont la principale minorité ethnique de Turquie. Ils sont au nombres de 10 à 12 millions, répartis sur tout le territoire. Originaires du sud-est de la Turquie, de Syrie, d’Iraq et d’Iran, ils se battent pour la reconnaissance et la préservation de leur culture et de leurs dialectes. Oubliés lors de la division de l’Empire Ottoman, les kurdes n’ont jamais eu d’Etat. Leur assimilation à la culture turque engendre la disparition partielle de leur identité.

4 commentaires:

chez djac a dit…

Coucou,
la plume se réveille et le voyage continue.
Les photos sont belles et le rêve aussi.
Bises
J N M

yarkouy a dit…

oyoy!
c est toujours un aussi grand plaisir que de pouvoir vous lire. hormis le petit contre temps azeri tout a l air de se derouler au mieux, ce qui fait d autant plus plaisir.
moi mon dernier voyage pour berlin il y a quelques jours s est fini en garde a vue au poste de police de l aeroport d amsterdam, lors d une escale, accuse a tort d avoir degrade un siege d avion... super ambiance, bien accueillante ma fois!!!
yala, la bise a vous deux, portez vous bien et bonne route!

Unknown a dit…

Hey enfin le texte !
De grande qualité comme toujours.
Bon, j'ai pris un peu de retard alors je file lire les billets plus récents...

Anonyme a dit…

Bisou tata Claude, bon pédalage :)