lundi 22 juin 2009

Chroniques de Turquie. Une feuille de vigne.

C est son prénom. Yaprak. Elle a 4 ans, un petit bout de nana, brune, le teint mat et le regard rieur, comme son père. Nous les rencontrons par hasard. Nous pédalons, l’après midi touche à sa fin. Je n’en peux plus. Disons-le. Je suis morte : mal aux cuisses, aux bras, aux fesses, moral dans les chaussettes. Au sommet d’une colline, nous apercevons un panneau indiquant une aire de pique-nique privative, donnant sur la mer. Sans hésiter, je m’arrête. Un regard et Antoine comprend. Ce sera ici que nous passerons la nuit, je n’avancerai pas d’un kilomètre supplémentaire. Nous avançons vers le guichet, afin de demander si nous pouvons planter la tente pour la nuit. Surpris, l’homme au guichet –le père de Yaprak- nous dit que c’est une aire de pique-nique, que personne n’y campe ni n’y reste pour la nuit. Il nous sort ses carnets. Nous serons considérés comme une voiture, il nous en coûtera donc 10 liras (5 euros).

-Douche ?

-Oui, non, la réponse n’est pas claire. Peu importe.

Nous traversons une forêt de pins, aménagée pour les loisirs. Quelques stambouliotes sont ici pour la journée. Barbecue, football. Deux couples, nous voyant arriver épuisés, nous invitent à nous joindre à eux pour déjeuner. Il est 16h. Poulet, kofte, côte d’agneau, salade. Ça n’en finit plus. J’ai mal au ventre mais je mange sans m’arrêter, essayant d’oublier la journée que l’on vient de passer. Le barbecue terminé, ils remballent et repartent, nous abandonnant à nous-mêmes au milieu de ce terrain vague déjà désert. Le soleil s’abat sur la mer, dans une heure il fera nuit. Nous explorons les lieux, à la recherche d’un endroit où monter la tente, sirotant une bière et picorant quelques amandes. La mer est superbe. Malheureusement, la plage est une poubelle à ciel ouvert. Ici aussi, le plastique ravage le paysage. Quelques chiens errants sur le terrain aboient parfois. Alors que nous avons tout juste élu le futur emplacement de notre tente, l’homme du guichet vient à notre rencontre. Tentative de discussion, en turc. Incompréhension, bien sûr. Quelques minutes s’écoulent, chacun insiste pour se faire comprendre et enfin, tout devient limpide, enfin presque. Selon lui, nous ne sommes pas en sécurité sur la plage et nous devons planter la tente près de sa maison, au niveau du guichet. Sans discuter, nous le suivons. Il nous parle à nouveau de la douche, nous lui expliquons que nous en avons prise une dans les sanitaires à ciel ouvert sur la plage –au milieu des coléoptères. À nouveau, incompréhension. Arrivés près de chez lui, il nous propose une chambre plutôt que notre tente étroite et quelque peu inconfortable. Évidemment nous acceptons. Il nous présente son épouse, une jeune femme d’une vingtaine d’années et sa fille Yaprak. Ils nous convient à dîner à leur table près du poêle. Quelques boulettes de semoule épicées et de la salade –je n’ai pas faim mais je mange- le tout arrosé de tchaï. Son épouse nous observe, nous sourit, essaie –souvent en vain- de communiquer. Devant la télévision allumée, nous dînons. L’ambiance est familiale et chaleureuse. Yaprak s’agite, crie. Elle fait râler son père qui l’interpelle tendrement. Vers 22h, nous partons nous coucher.

Le lendemain dès l’aube, nous nous levons. Le temps de plier nos affaires, nous passons la tête hors de la chambre. La table est dressée, ils nous attendent pour le petit-déjeuner, à l’ombre d’un pin. Pain, beurre, fromage, miel, olives, omelette. Un authentique petit-déjeuner turc. Nous mangeons et reprenons la route, le ventre plein, reposés.

1 commentaire:

yarkouy a dit…

comme quoi la langue n est pas forcement un fosse separant differentes cultures...
la bise a vous 2 et bonne journee