samedi 3 octobre 2009

Ouzbekistan, les invasions barbares. De Gengis Khan aux short-casquette-lunettes

Nous entrons en Ouzbekistan debut aout, apres une traversee a grande vitesse du Turkmenistan: 5 jours de visa de transit oblige. Nous quittons le desert de Karakoum et sa chaleur ecrasante pour la valle de l Amou Daria. Des champs de coton s etendent a perte de vue. De longs canaux permettent l irrigation des sols desertiques et la production de coton, tres gourmande en eau. Initiee a l epoque sovietique afin d amorcer un boom de l industrie textile -en vain, la monoculture de coton est la cause d une large pollution de la region (par l utilisation massive d engrais et de pesticides) et du declin de la mer d Aral, assechee par le detournement des eux des fleuves qui l alimente (l Amou Daria au sud et le Sir Daria au nord). Le paysage est plat et monotone. Ennuyeux.
Nous rejoingnons les villes de Boukhara, puis Samarcande: ces deux noms incarnent la magie de la Route de la Soie, des caravaniers et d edifices grandioses (Historiquement, l Asie Centrale est une zone de passage et de transit de marchandises parmi lesquelles la soie de la Chine vers l Europe et plus recemment de ressources naturelles comme le gaz et le petrole, en debouchant vers la Turquie et la Mediterranee). Ces grandes villes saintes d Asie Centrale couvrent pour l une un millenaire d architecture et pour l autre la periode Timouride (1370-1506). Dans chacune d elles, les monuments architecturalement classes sont nombreux: mosquees, minarets, madrasas, forteresse royale a Boukhara. Nous deambulons de l un a l autre, passant a la caisse avant chacune des visites. Nous beneficions d un tarif "touriste" presque dix fois superieur a celui des ouzbeks et devons souvent completer le ticket par un supplement qui nous en coute quelques soms (monnaie ouzbek) de plus. Nous enrageons d etre percus comme des tiroirs-caisses. Les monuments sont majestueux mais bien souvent passablement restaures -quand ils le sont- et preserves. Des boutiques occupent la plupart d entre eux et proposent des souvenirs aux touristes (foulard en soie, pashmina "made in China", tapis de Boukhara et d ailleurs, etc.). A l image des camps de yourtes ouverts aux touristes ou pour quelques dizaines de dollars une agence touristique peut vous arranger un "tour" (transport, diner traditionnel ouzbek et nuit sous la yourte) afin d experimenter au plus pres la vie des nomades, la culture ouzbek est reduite a un folklore parfois exportable jusque dans nos foyers occidentaux. Le touriste est percu comme un consommateur naif. A Samarcande, la ville est en chantier. Un festival international de musique orientale doit se tenir quelques jours plus tard dans l enceinte du Registan, un ensemble architectural monumental de l epoque Timouride constitue de trois madrasas couvertes de faiences et de mosaiques bleues et ornementees d or. Nous nous y rendons avant que son acces ne soit limite pour cause de festivite. Le son des declencheurs d appareils photo et de telephones portables resonnent. Les touristes fourmillent. En groupe. Francais, espagnol, italiens, japonais. Short, casquette, lunettes et appareil photo pret a degainer. La magie ne s opere pas...
Le president Islam Karimov est attendu a l occasion du festival. Samarcande bout. Dans les rues, les ouzbeks par milliers s activent: refaire les routes, nettoyer les trottoirs, repeindre les devantures d immeubles, combler les parterres de fleurs et meme ouvrir de nouveaux magasins afin que la ville paraisse sous son plus beau jour. Samarcande doit sembler somptueuse et dynamique economiquement -au moins sur les axes principaux que la voiture presidentielle traversera. Nous sommes spectateurs passifs de cette agitation frenetique. Atteres. Le president Islam Karimov est un megalomane; L enseignement de la "pensee du president Karimov" est obligatoire a l ecole et dans les prisons. Premier secretaire du parti communiste puis president a l epoque de l URSS, il est elu president de la Republique d Ouzbekistan en decembre 1991 apres la proclamation de l independance. Issu de la nomenklatura, il entreprend rapidement d assurer son pouvoir absolu et instaure un regime presidentialiste. Les partis politiques d opposition sont liquides. Depuis, aucune election legislative ou presidentielle n est consideree comme reguliere par l OSCE (Organisation pour la Securite et la Cooperation en Europe). Apres ces quelques jours eprouvant, nous rejoignons Tashkent, la capitale. Tres sovietique dans son architecture, elle n en est pas moins calme, aeree et arboree, bien que marquee par une large presence policiere. A chaque carrefour, coin de rue, devant chaque immeuble se tient un homme en uniforme. Par leur nombre, ils cadrillent le centre ville et veillent a l ordre publique, ne laissant pas une rue sans surveillance. Ils veillent au grain. Alors que le bazar Chorsu grouille d ouzbeks sur plusieurs kilometres carres vendant legumes en tous genres, fruits secs, epices et tapis, les rues du centre sont quant a elles desertees.
Fin aout, nous quittons Tashkent et rejoignons la valle du Fergana a bicyclette, direction le Kyrghyzstan, ses montagnes et ses moutons.
Les ouzbeks s activent dans les rues de Samarcande a l occasion du festival:
Tashkent, son architecture sovietique, ses rues arborees:


3 commentaires:

chez djac a dit…

Bonjouir les globe trotter,
Beau commentaire et analyse claire de la situation. Toujours fâché avec les accords mais de moins en moins. Doit perséverer. Je continue la collection des fluides glaciaux et on vous embrasse .

Anonyme a dit…

BON ANNIVERSAIRE Antoine Nous avons trinqué à votre santé ...et à votre retour.Toujours super interessant de vous lire .Je vous envoie d'énormes bisous.Tata Claude

yarkouy a dit…

coucou,

je n ai pas pris le temps de lire le dernier recit, ce que je ferai des demain. mais juste un petit mot pour vous passer le bonjour et vous embrasser. si les soviets vous emebetent, contactez moi, j ai qqes methodes aussi interessantes qu utiles a employer dans tous typers de situations! eheh!
a bientot j espere,

antoine