25 jours. C est la durée du visa que le ministère des affaires étrangères iranien daigne nous accorder, depuis le consulat de Tbilissi, Georgie. Visa obtenu en dix jours, sans passer par une quelconque agence de tourisme –autrement dit sans frais supplémentaire. Nous sommes officiellement –pour l Etat iranien, j entends- professeurs des écoles à Niort –Anne a l école de la Mirandelle et Antoine à Ferdinand Buisson- et sans aucun lien de parente. Deux banals potes en voyage en Iran. En effet, il n est pas conseillé de déclarer son métier de photographe -souvent assimilé a celui de journaliste- en période pré-élection, ni recommandé de revendiquer être concubins dans un pays ou ce statut est interdit par la loi.
Le 12 juillet, nous passons la frontière entre l Arménie et l Iran a bicyclette. Anne revêt son foulard islamique entre les deux postes frontières. Elle porte un pantalon long et une chemise a manches longues. Il fait très chaud. 35 degrés aux bas mots. Nous appréhendons. Quelques semaines auparavant ont eu lieu les élections présidentielles. La réélection de Mahmoud Ahmadinejad fait descendre dans la rue les militants de l opposition dans de nombreuses villes du pays. La police réprime les manifestations dans le sang. Les informations relayées par les medias occidentaux sur le sujet ne sont pas très engageantes –évidemment… Nous appelons l ambassade de France à Téhéran pour avoir leur avis. Les consignes sont claires, ils n ont pas le droit de se prononcer. Nous entrons donc en Iran, effrayés et attirés à la fois, les tripes un peu nouées. Mais nous voulons en savoir un peu plus sur ce mystérieux pays diabolisé par l Occident. Nous nous imposons de ne pas sortir des sentiers battus en cette période de trouble politique –a tord peut-être.
Nous rejoignons Téhéran dans un premier temps. Ville folle. Environ 15 millions d habitants. Des bâtiments pour la plupart noircis par les gaz d échappement. Des enseignes, en farsi, incompréhensibles. Des immenses portraits des grandes figures de la République Islamique, Khomeini, chef suprême des chiites d Iran, et son successeur Khamenei ponctuant le paysage urbain. Des soldats, morts en martyrs pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988) eux aussi représentés sur des pans entiers d immeubles. Ca nous fait froid dans le dos.
La circulation est frénétique. Sans même regarder dans leur rétroviseurs, les conducteurs téhéranais se faufilent entre les voitures, créant une troisième voie imaginaire, voire une quatrième, la ou il n en existe que deux. A toute berzingue ils s élancent sur les avenues, peu soucieux du danger qui les guettent au coin de chaque rue.
Son bazar est un interminable dédale de ruelles reliant des caravansérails ou se côtoient des propriétaires d échoppes en tout genre (tapis, casseroles, …). Le conservatisme des commerçants, tant sur les plans politique que religieux est palpable. Nous apercevons des portraits des leaders du clergé chiite dans presque toutes les boutiques. Les iraniens nous saluent, nous demandent d ou nous venons, nous invitent à boire un thé parfois.
Les parcs sont d immenses étendues d herbe parsemées d arbres, de plantations de fleurs et de fontaines superbement entretenus. Les jeudis et vendredi soirs, en été, les téhéranais s y retrouvent en famille jusque tard dans la nuit autour d un tchai ou d un repas organisé sur un tapis déplié a la va-vite. On y croise des hommes et des femmes –vêties du tchador, ce tissu noir qui couvre de la tête au pied- jouant au badminton.
En dehors des parcs, les jeunes disposent de très peu de lieux ou se retrouver. Les quelques bars (ou l on ne sert pas d alcool évidemment) pratiquent des tarifs prohibitifs. Des soirées privées sont organisées, en toute illégalité. L alcool se procure au marché noir. Une trentaine de dollars pour une bouteille de vodka, sept pour une bouteille de bière. Une large proportion de la population ne s accorde pas sur le fanatisme des mollahs, qui n a d égal que leur hypocrisie, au risque de subir des coups de fouets.
Les jeunes, le week end, sillonnent donc la ville en voiture toute la soirée durant, jouissant pendant quelques heures d un espace de liberté -réduit. Dans les voitures, nous voyons quelques voiles nonchalamment rejetés vers l arrière, prêts a tomber. Certaines abandonnent même leur foulard et dévoilent une coiffure sophistiquée, en plus d un visage maquillé avec soin. Nous sommes a mille lieux de l image conservatrice et traditionaliste que le pouvoir semble peiner a imposer, a Téhéran du moins. Hommes et femmes, pas nécessairement d une même famille, se côtoient ainsi, se draguent même.
Dans cette société réprimée par les Gardiens de la Révolution islamique, les jeunes ne peuvent s échanger que quelques regards et au mieux, discrètement, leurs numéros de téléphone portable.
Le 12 juillet, nous passons la frontière entre l Arménie et l Iran a bicyclette. Anne revêt son foulard islamique entre les deux postes frontières. Elle porte un pantalon long et une chemise a manches longues. Il fait très chaud. 35 degrés aux bas mots. Nous appréhendons. Quelques semaines auparavant ont eu lieu les élections présidentielles. La réélection de Mahmoud Ahmadinejad fait descendre dans la rue les militants de l opposition dans de nombreuses villes du pays. La police réprime les manifestations dans le sang. Les informations relayées par les medias occidentaux sur le sujet ne sont pas très engageantes –évidemment… Nous appelons l ambassade de France à Téhéran pour avoir leur avis. Les consignes sont claires, ils n ont pas le droit de se prononcer. Nous entrons donc en Iran, effrayés et attirés à la fois, les tripes un peu nouées. Mais nous voulons en savoir un peu plus sur ce mystérieux pays diabolisé par l Occident. Nous nous imposons de ne pas sortir des sentiers battus en cette période de trouble politique –a tord peut-être.
Nous rejoignons Téhéran dans un premier temps. Ville folle. Environ 15 millions d habitants. Des bâtiments pour la plupart noircis par les gaz d échappement. Des enseignes, en farsi, incompréhensibles. Des immenses portraits des grandes figures de la République Islamique, Khomeini, chef suprême des chiites d Iran, et son successeur Khamenei ponctuant le paysage urbain. Des soldats, morts en martyrs pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988) eux aussi représentés sur des pans entiers d immeubles. Ca nous fait froid dans le dos.
La circulation est frénétique. Sans même regarder dans leur rétroviseurs, les conducteurs téhéranais se faufilent entre les voitures, créant une troisième voie imaginaire, voire une quatrième, la ou il n en existe que deux. A toute berzingue ils s élancent sur les avenues, peu soucieux du danger qui les guettent au coin de chaque rue.
Son bazar est un interminable dédale de ruelles reliant des caravansérails ou se côtoient des propriétaires d échoppes en tout genre (tapis, casseroles, …). Le conservatisme des commerçants, tant sur les plans politique que religieux est palpable. Nous apercevons des portraits des leaders du clergé chiite dans presque toutes les boutiques. Les iraniens nous saluent, nous demandent d ou nous venons, nous invitent à boire un thé parfois.
Les parcs sont d immenses étendues d herbe parsemées d arbres, de plantations de fleurs et de fontaines superbement entretenus. Les jeudis et vendredi soirs, en été, les téhéranais s y retrouvent en famille jusque tard dans la nuit autour d un tchai ou d un repas organisé sur un tapis déplié a la va-vite. On y croise des hommes et des femmes –vêties du tchador, ce tissu noir qui couvre de la tête au pied- jouant au badminton.
En dehors des parcs, les jeunes disposent de très peu de lieux ou se retrouver. Les quelques bars (ou l on ne sert pas d alcool évidemment) pratiquent des tarifs prohibitifs. Des soirées privées sont organisées, en toute illégalité. L alcool se procure au marché noir. Une trentaine de dollars pour une bouteille de vodka, sept pour une bouteille de bière. Une large proportion de la population ne s accorde pas sur le fanatisme des mollahs, qui n a d égal que leur hypocrisie, au risque de subir des coups de fouets.
Les jeunes, le week end, sillonnent donc la ville en voiture toute la soirée durant, jouissant pendant quelques heures d un espace de liberté -réduit. Dans les voitures, nous voyons quelques voiles nonchalamment rejetés vers l arrière, prêts a tomber. Certaines abandonnent même leur foulard et dévoilent une coiffure sophistiquée, en plus d un visage maquillé avec soin. Nous sommes a mille lieux de l image conservatrice et traditionaliste que le pouvoir semble peiner a imposer, a Téhéran du moins. Hommes et femmes, pas nécessairement d une même famille, se côtoient ainsi, se draguent même.
Dans cette société réprimée par les Gardiens de la Révolution islamique, les jeunes ne peuvent s échanger que quelques regards et au mieux, discrètement, leurs numéros de téléphone portable.
Nous descendons par la suite a Espahan a quelques 500 kilomètres au sud. Majestueuse, elle compte –parait-il- parmi les plus belles villes du monde islamique. Elégante, elle nous initie au raffinement de la culture persane. La place de l Imam est profondément marquée par la grandeur des idées de Shah Abbas 1er, dit Le Grand qui a partir de la fin du 16eme siècle éleva Espahan au rang de capitale de l Empire Perse Séfévide (a la fin du 18eme siècle, la capitale est transférée a Shiraz). Longue de 512 mètres et large de 163, elle présente des joyaux d architecture persane: la mosquée de l Imam, majestueuse, ornée de mosaïques de faïences bleues représentant de magnifiques motifs géométriques, calligraphiés et floraux, surplombée de deux minarets turquoises. La mosquée Sheik Lotfollah, plus petite, harmonieuse, semble faire contrepoids a l exubérance de la première. Sans cour ni minaret, elle frappe par la délicatesse de son architecture.
Enfin, nous parcourons tour a tour Yazd, au sud-est, en bordure de désert puis Shiraz, plus a l ouest. De retour a Téhéran, nous récupérons notre visa ouzbek et filons pour Mashad puis le Turkmenistan. A nous l Asie Centrale!